• Je joue désormais de tête un chef-d'œuvre, qui progresse depuis le chuchotement jusqu'au triomphe par le seul jeu de notes répétées comme en pointillé. Ce chef-d'œuvre, c'est « La Campanella » de Liszt.
    L'introduction, semblable à des échos lointains, est une allusion aux notes répétées de ré dièse qui focalisent toujours les points culminants de chaque variation. Dans le deuxième thème qui commence en si majeur en changeant progressivement de tonalité, des lignes pointillées bifurquent délicatement et passent de la main droite à la main gauche, et de la main gauche à la main droite.
    D'autre part, des octaves en gammes chromatiques déferlent par mouvement contraire sur la conclusion. Cette progression est facilitée par l'omission de certain demi-tons, qui permet de ne jouer au deux mains que sur des touches blanches ou sur des touches noires.*
    On dit qu'une œuvre superbe pour piano doit être écrite non pas pour deux mains mais pour dix doigts. Et c'est exactement ainsi que Liszt a écrit La Campanella ! Le premier disque que m'ont offert mes parents, dans mon enfance, contenait « La Lettre à Élise », le « Menuet » de Paderewski et ce chef-d'œuvre.

    *Sur les dernières quatre double croches dans la mesure 128 :
    la main droite ; [si] ton ! [do dièse◎] demi-ton [do double dièse] demi-ton [ré dièse◎]
    la main gauche ; [fa double dièse] demi-ton [fa dièse◎] ton ! [mi] demi-ton [ré dièse◎]
    (◎ touche noire)

    J'ai terminé « HATAORI » pour ensemble à cordes


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  • Depuis un mois, je joue sans partition le « Prélude nº 6 pour piano » (durée : à peu près 8 minutes) de Messiaen. La plupart des accords sont dissonants et comportent une huitaine de notes, mais, comme ce sont des accords tonals, polytonaux, et atonals variant librement, ils sont d'écoute facile.
    Dans la première partie, à mi-chemin d'une phrase composée de différents accords montant progressivement vers l'aigu, après trois transpositions, se dévoile un heureux canon. En apogée, les quatre accords successifs chromatiques sont joués à nombreuses reprises, après cela, la seconde partie est transformée en une phrase simple en si majeur qui se répéte maintes fois en flottant jusqu'à la fin, en alternant avec des épisodes conduisent à la fin. L'arpège de septième diminuée ressemble à ceux des dernières sonates de Beethoven.

    Le « Prélude N°6 pour piano » de Messiaen

    Ces « Préludes », constitués de huit pièces sont donc l'œuvre de ses 21 ans ! Le titre sentimental « Cloches d'angoisse et larmes d'adieu » du sixième prélude ne m'intéresse pas. C'est plutôt une œuvre qui convient mieux à l'écoute de l'idiome harmonique de Messiaen.

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  • Depuis six mois, je joue chaque jour sans partition du « Prélude op.28 nº 8 » de Chopin. J'avais aussi joué tous les « 24 Préludes op.28 » il y a plus de vingt ans, mais le huitième prélude m'a de nouveau beaucoup attiré. Les œuvres pour piano basées sur des arpèges rapides sont innombrables. L'« Etude op.25 nº 1 » de Chopin est l'une des plus renommées mais quand on la compare avec le « Prélude op.28-8 », on ne peut s'empêcher de reconnaître que le prélude est techniquement supérieur. Quelle est la différence ?

    Le « Prélude Op.28-8 » de Chopin

    Sur l'étude, dans l'ensemble, le soprano fait la mélodie, mais en revanche, sur le prélude, le pouce de la main droite produit la mélodie principale, et des tons d'écho à l'octave hauts de la mélodie sont mélangés aux figures qui courent comme le vent autour du pouce. Sur le point de la partie accompagnement, le bas de l'étude est toujours sur le temps fort, mais celui du prélude est sur le temps faible, la dernière note de l'arpège. Cette texture devait attirer Scriabine et Ravel.
    De plus, en ce qui concerne l'harmonie, quand on analyse l'œuvre selon la construction [A]-[B]-[A']-coda, les mesures 9 et 10 au début de [B] sont étonnantes.
    Sur une pédale de dominante (F pédale), des harmonies hautes riche en couleurs incroyables se développent, quand on joue chaque accord lentement, on doit les écouter comme des dissonances extrêmes de la musique atonale. Quel enivrant vertige !

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  • J'ai pu jouer de mémoire « Moment Musical nº6 en do majeur » de Rachmaninoff. C'est comme une construction musicale éblouissante dans laquelle « do-mi-sol » rugit dynamiquement.

    « Moment Musical N°6 en do majeur » de Rachmaninoff

    Dans chacun des intervalles, les mélodies douces comme des dentelles montent un coup contre, et se chevauchent. Mais, les deux idées bien contrastées sont composées du même sujet. Cette œuvre de moindre artifice laisse voir la grandeur et la capacité de Dieu. On devient fasciné, ému jusqu'à l'âme en un instant.
    Dans la seconde partie, il y a une exécution transcendante comme si deux pianistes jouaient sur deux pianos. J'ai commencé à jouer en me souvenant de cela. Puis, je joue ayant l'impression d'être une tornade, battant et détruisant tout ce qui est devant moi, et passant fièrement.

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  • Ces jours, je joue de mémoire le premier morceau « Ondine » de « Gaspard de la Nuit » de Maurice Ravel. Il y a presque 20 ans, j'avais joué de mémoire le troisième morceau « Scarbo », et depuis je voulais jouer l'« Ondine ». Maintenant, je pense que le véritable de Ravel s'exprime mieux dans l'extrême délicatesse d'« Ondine » que la hardiesse de « Scarbo ».

    Le thème de ce morceau et ses développements apparaissent alternativement tout en changeant de tonalité et cela fini en un apogée. De ce point de vue, la forme de ce morceau ressemble à la fugue. L'utilisation novatrice de l'harmonie prend ses racines dans l'œuvre de Bach. Au début, la tonalité des ondulations harmoniques et celle du thème sonnent différemment. On croit reconnaître une polytonalité, mais on comprend plus tard que ce ne serait qu'une simple neuvième de dominante si la ligne harmonique était une octave plus bas. On trouve un exemple de cette même technique dans le douzième prélude en fa mineur de Bach du « Clavier bien tempéré - Livre 2 » : la ligne du sujet, jouée au départ avec la main gauche, se déplace dans le trémolo, joué avec la main droite.
    La partie décontractée qui suit l'apogée est pleine de mystère. Le glissando sur le clavier noir se lie avec le glissando sur le clavier blanc, comme par magie. Donc le plain-chant paraît en ré mineur : le mode mineur parallèle à la sixte napolitaine de tonique (do dièse majeur). L'audacieux usage de ces seules notes, dans une telle occasion, dans une telle tonalité, a souvent été fait par Beethoven.
    Mais, plus je le sais, plus je suis étonné par les techniques et l'inspiration de Ravel, qui a étudié les grands classiques et a les sublimés dans son propre style de haut niveau.

    (Photo : L'eau de la baignoire que j'ai remuée)

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